« Une mélodie suffit pour se comprendre, non ? » [Shizuma]

Encore un soir où le jeune Kitoku ne trouverait pas le sommeil. L’air flâneur, il n’avait absolument pas l’air douteux… Ce que pourrait penser certaines personnes : oui, un garçon, peu couvert, un veste sombre par-dessus l’épaule, une couleur de cheveux peu règlementaire, dehors le soir. L’imagination fuse chez les mauvaises langues, ça se sait et Akio en avait déjà eu des mauvaises expériences mais là… rêveur et flâneur, le pentacle à multiples branches qui laissait apparaître en son cœur une couleur légère et claire, une sorte de bleu très doux : oui, humeur calme et innocente. Enfantine presque. Oui, encore une fois, je l’affirme, le déplore comme le revendique, Akio est une personne vraiment particulière et étrange. Mais c’est ce qui faisait sa différence.

La lune n’était pas encore présente et les rues du village étaient encore éclairées par le soleil qui ne tarderait pas à disparaître. Il avait prit pas mal d’avance… Et maintenant, il s’ennuyait au milieu des dernières personnes encore présentes. Que faire ? Il avait encore quatre belles heures avant la ronde de ce soir dans le village… Comment ? Oh ça ! Oui, Akio avait reçu pour mission de surveiller les rues ce soir. La raison ? Et bien des vampires, de toutes catégories sociales, s’étaient mit d’accord pour se retrouver là ce jour-ci. Pourquoi ? Il ne faut pas trop lui en demander, car lui n’avait pas cherché à en savoir plus : il fait son boulot, puis fini. Même si l’humeur n’était pas froide et dure, Akio n’était Akio que s’il lui restait un minimum de nonchalance ! Puis hein, en quoi cela allait changer sa vie que ce soit une soirée de haut vol ou un bal costumé ? Il allait peut-être vouloir s’accorder aux vampires présents ? Ce n’est pas comme si il était invité… D’ailleurs, c’est bien cela le principal souci lors de ce genre de mission : on vous regarde comme si vous étiez un intrus alors que vous faites simplement votre job ! Mais encore une énième fois : il s’en foutait royal pour parler très franchement. C’est à peine s’il y faisait attention en fait.

Cela faisait en fait une bonne trentaine de minutes qu’il avait erré sans but et très vite, il finit par se lasser de cette marche, les mains de les poches et le regard perdu mais s’agitant à chaque chose repérable. S’arrêtant brusquement, il fit une petite moue perplexe et témoignant d’une réflexion avant d’enfin tourner les talons. Pour aller où ? A quatre heures de son tour de ronde, il avait largement le temps de retourner à l’académie et de faire une pause musique non ? Bien oui, une pause musique… Pourquoi pas après tout, non ? Tel un chat, il précipita ses pas et dès qu’il avait la possibilité d’utiliser une voix par les arbres, il n’hésita pas une seule seconde… Ne comptant pas les soucis éventuels que cela pourrait lui poser à l’avenir : il semblait en forme en ce moment, alors il n’allait pas doser gentiment et en profiter au plus possible. Voilà au fait probablement la raison de sa bonne humeur bien gentillette.

En quelques minutes, le jeune homme aux cheveux argentés s’était retrouvé devant l’établissement qui pourrait satisfaire son désir « d’amusement », précisons : amusement selon le juvénile Hunter ! Il arriva au bâtiment principal et entra dans n’importe quelle salle espérant uniquement trouver son bonheur. Etant nouveau encore un peu, il ne savait pas trop s’il y avait une salle de musique à l’académie Cross mais l’espoir fait vivre, et quitte à chercher vainement, autant le faire pour combler sa passe de « je n’ai rien de mieux à faire ». D’ailleurs, aussi bizarre que cela puisse paraître, il osa même tenter la salle de retenue, qui fut la seule à contenir de quoi faire l’affaire. Quelqu’un devait l’avoir commander… Quoi donc ? Oh, ce magnifique instrument, grand, classe, noir, brillant, si classique mais sa mélodie peut se marier avec tout : un piano. Propre à vouloir l’utiliser comme miroir. Pourquoi le faire patienter jusqu’à que son propriétaire vienne le chercher et le poser dans une autre salle : autant s’y asseoir ! Il remercia simplement le ciel, ou le plafond en l’occurrence puisqu’il était à l’intérieur, que les cours soient finis pour les Day Class et pas encore commencés pour les Night.

Une première main tomba doucement et délicatement sur les touches et ses yeux se fermèrent de suite. Il n’avait pas perdu la main depuis qu’il jouait petit, c’est sa mère qui lui avait patiemment apprit avant que son père n’en fasse l’objet de compétition avec ses cousins… Mais tout ce à quoi il pensait c’était cette mélodie.

[HJ : Chanson, click : Yiruma ~ River Flows on you]

Et voilà qu’il avait tout oublié… Bah ! En plus d’être complètement bizarre il lui fallait d’un rien pour faire de sa mémoire celle d’un poisson rouge ! De toute façon, Akio avait toujours pensé qu’ils avaient bien de la chance de ne pas se souvenir de certaines choses. Même s’il se rendait bel et bien compte que c’était assez triste, oublier même qu’on souffre m’enfin, ils oublieraient même que c’est triste s’ils en avaient seulement fait la réflexion. En attendant, cette réflexion présente sur les poissons rouges était totalement hors de propos ! Hors du contexte et un peu sans intérêt. Avoir le don d’accorder de l’importance à ce qui ne l’était pas, ça aussi Akio en avait parfois l’art mais l’art qui le prenait actuellement s’appelait musique. Complètement ailleurs, ça ne faisait aucun doute mais de toute façon Akio l’était les trois quarts du temps : Kitoku-kun ou comment prendre sa table pour un oreiller ! Et allez le réveiller après ça… Son maître avait la solution : « Akio-kun ! Tu baves ! » « Akio… La boulangère va fermer… avec les bonbons à l’intérieur… » Enfin, encore une réflexion inutile, et pourtant sa mère d’où elle était savait bien qu’il ne pensait à rien mais voyait quelque chose de magique derrière ses paupières bien closes. Façon de parler hein ! La musique, l’antidote à tous les moments vides, vides d’actions, de sentiments, de compréhension, de calme ou de ce que vous voulez : c’est un remède si vous savez le prendre.

Alors vous comprenez bien que dans un état pareil, le jeune Hunter avait déjà plus aucune espèce d’importance sur le où il était et le pourquoi ça devait être là… Il ne demanderait pas encore une fois, pour aller encore et toujours plus loin dans sa nonchalance. A croire qu’il cherche une reconnaissance officielle de record. Il ne remarqua pas tout de suite, disons qu’il avait bel et bien sentit quelque chose mais n’y avait guère attaché d’importance. Il n’avait même pas trouver ça étrange d’ailleurs. Bien oui, chasseur qu’il est, il serait déjà sur ses gongs et gardes aussi… Alors que là, nullement et il ne trouve pas moyen d’en être surprit : oui, si ce n’est pas inquiétant pourquoi monter sur ses grands chevaux ? Puis confiant comme il est… Enfin, confiant… Ca tournait presque au masochisme ! Ou candidat au suicide, à voir. Il continua simplement de jouer, comme si de rien était, son esprit était un peu partagé entre le lointain et là où il était, ayant pour seul lien entre les deux, ce piano et ses touches. Très vite, le collier semblait s’illuminer de manière intense, hum, sang-pur sans aucun doute. Il avait reconnu cette manière forte de briller. Sans qu’il le veuille réellement, quand une voix fit légèrement irruption, une image arriva sous ses paupières et il afficha un sourire en coin : *La petite Shizuma* pas si petite par ailleurs… Une level A rafraîchissante comparée aux autres sang-purs, il n’y avait qu’à prendre Kuran ! Même si Akio avait une sorte de respect pour le personnage, il le trouvait bien trop froid. Alors Shizuma était agréablement surprenante il supposait.

Il ne s’arrêta pas de jouer, celle-ci étant tout sauf une gêne pour lui. Puis, il ne craignait pas qu’elle s’ennuie : elle était musicienne, jouant très bien d’ailleurs. Il en avait été témoin à la soirée de la saint-valentin, malheureusement jamais n’a-t-il pu la féliciter de sa merveilleuse prestation. Alors, comme en ce moment il jouait, au pire elle le corrigerait ! Il n’avait pas la prétention de jouer merveilleusement, il n’en savait rien donc il se taisait sur le sujet. Il daigna enfin lui répondre, ouvrant doucement les yeux.


S’admit-il à lui-même, finissant par relever les doigts des touches avant de poser ses mains sur ses genoux, fixant la vampirette tout en lui faisant une mimique avec sa bouche, la pinçant au coin de sa joue.


Et sur ce il recula, amusé rangeant en même temps sous sa chemise son pentacle qui s'agitait à cette approche. Il ne l’avait vu qu’une seule fois certes, mais ils avaient passé un long moment à parler et s’amuser. Il avait au moins pu trouver celle-ci amusante, ne quittant plus cette idée de la jeune fille, et elle était une des rares personnes qu’il ait pu apprécier rapidement. Sûrement le fait qu’elle est l’air innocente, avec un caractère intéressant mais… comment dire ? Surprenant ? C’était ça. Les élèves de la classe du jour, eux, ne sont pas vraiment ainsi, il faut l’admettre. Soit après les garçons/filles de la classe de nuit, soit en train de te suivre partout avec de gros yeux excités, soit en train de chercher la bagarre avec toi ou te rappeler ce que tu veux oublier « Kitoki-kun, participation ! Et votre retenue pour avoir dormit : ne la séchez pas ! ». Bref ! Il regretta amèrement, pour en revenir à cette soirée, d’être allé à ce concert autorisé par l’école avec cette dingue de l’autre fois, on l’avait pesé avec ça durant toute la journée. Enfin, si on se souvient bien, il n’avait pas eu le choix d’y aller ou pas…
Il fronça soudainement les sourcils et posa un doigt doucement sur son front. Une rougeur… Bah ! Encore une mésaventure Miss Shizuma ? Il lâcha la voix calme.


Se surprenant lui-même, il avait plein de choses à lui dire. Mais, on allait d’abord élucider le mystère de sa présence ici !